Serge Gainsbourg-1965

Cette année-ci, Serge Gainsbourg quitte définitivement son costume de chanteur réaliste pour celui d’auteur de chansons pop, puisant son inspiration dans la pop anglaise dont il devient très friand.

Le point de non retour, pour être précis, est atteint lors du concours de l’eurovision pour lequel il écrit “Poupée de cire, poupée de son” chanté par France Gall qui décroche la timbale.

La chanson fait le tour du monde, et devient un méga tube.

Serge Gainsbourg touche le pactole et devient enfin à la mode.

Si sa carrière d’auteur-compositeur est en plein boom, son mariage lui est un vrai fiasco, et en automne, il quitte le domicile conjugal et demande le divorce .

Ses déboires sentimentaux l'empêchent d'ailleurs toutes participations à des films, son album prévu pour Philips sera finalement avorté, et ni Johnny Halliday ni Eddy Mitchell n'auront droit à leurs titres promis par Serge Gainsbourg.

Il reste toutefois surbooké : il travaille pour France Gall, Brigitte Bardot plus des petites nouvelles comme Régine ou Valérie Lagrange, et connaît succès sur succès.

Comme il l’expliquera à Denise Glaser dans l’émission Discorama : “J’écris 12 titres pour moi sur un album : deux titres passent en radio, les autres sont parfaitement ignorés.
J’écris 12 titres pour 12 interprètes différents et les 12 sont tous des succès”.

Serge Gainsbourg abandonne le format LP 30 cm jusqu’en 1969 et il faudra attendre encore sept ans pour avoir un véritable nouvel album 100% original signé Gainsbourg, ce sera "Melody Nelson" en 1971.

Serge Gainsbourg retrouve la scène : une tournée en première partie de Barbara, mais l’accueil du public est glacial voire même de plus en plus agressif à son encontre.

Un soir, Barbara est même obligée d’intervenir pour le défendre.

Serge Gainsbourg décide d’arrêter le massacre et abandonne les concerts.

Il ne retrouvera les planches qu’en 1978, lorsqu’une nouvelle génération de fans le portera enfin aux nues.

MARS

Chanson représentant le Luxembourg lors du concours Eurovision de la chanson, interprétée par France Gall, c'est le carton planétaire de "Poupée de cire, poupée de son" qui va définitivement changer la carrière de son auteur.



Poupée de cire, poupée de son (Gainsbourg)

Succès international aussi énorme qu’inattendu.

Un nouveau classique signé Serge Gainsbourg, où encore une fois, il se sert de France Gall pour s'adresser à la nouvelle génération.

(Mes disques sont un miroir dans lesquels chacun peut me voir.
Je suis partout à la fois brisée en mille éclats de voix)

Mais il s'adapte également à France Gall et à ses problèmes d'adolescente :

(Seule parfois je soupire je me dis à quoi bon?
chanter ainsi l’amour sans raison,
sans rien connaître des garçons.)

AVRIL

En pleine déconfiture sentimentale, Serge Gainsbourg rencontre la jeune actrice/chanteuse Valérie Lagrange et l'emmène diner un soir dans un grand restaurant Parisien, mais ces deux grands timides vont passer une très mauvaise soirée sans se dire grand chose.

Il lui écrit le titre "La guerilla" avec cette phrase géniale "Me fais tu l'amour ou bien la guerilla, toi que j'ennuie à mourir sans tequila".



La guérilla (Gainsbourg)

Je ne suis pas sûr que la musique Sud Américaine ait eu une bonne influence sur Gainsbourg,
voir les médiocrités que furent “Viva Villa” ou “Les sambassadeurs” par exemple.

"La guerilla" s'en sort plutôt bien grâce aux trouvailles rythmiques et au texte de Gainsbourg.


Valérie Lagrange La guérilla (1965) par RINGOWILLYCATISTHEBEST

JUILLET

Deux nouveaux titres coquins pour Brigitte Bardot publiés sur un 45 tours et maxi 45 tours, mais toujours aucune rencontre entre les deux stars :



Bubble gum (Gainsbourg)
Les omnibus (Gainsbourg)

Bubble gum

(Tu étais tendre et sucré comme...
tu a perdu ta saveur comme mon bubble, bubble gum)

Les omnibus

(Quand à moi ce que j’aime le plus
c’est de loin tous les omnibus.
J’aime les arrêts imprévus
dans tous les petits coins perdus.

J’aime m’allonger sur le dos,
au fond d’un wagon à bestiaux.
J’aime les omnibus,
non non je n’en dirais pas plus,
avant que ça ne devienne indécent,
terminus tout le monde descend.)

Clip tourné fin 67 pour le Show Bardot :

Encore en juillet, un nouveau maxi 45 tours pour France Gall avec un titre signé Serge Gainsbourg :



Attends ou va-t'en (Gainsbourg)


Chef d’oeuvre oublié dans l’ombre de “Poupée de cire”, mais qui mériterait vraiment d’être redécouvert.

(De la dernière pluie de la nuit,
est tombée de mon coeur une fleur,
attends l’aurore, de rose et d’or sera sa couleur.)

Financièrement, ça commence à rigoler pour Gainsbourg, qui claque son oseille fraichement gagnée dans les boîtes parisiennes à la mode, comme au New Jimmy's de Régine, la reine des nuits parisiennes, qui décide à l'époque de se lancer elle aussi dans le monde de la chanson.

Toujours amoureux de la chanson populaire française, Gainsbourg va écrire du sur mesure pour Régine, comme plus tard pour Zizi Jeanmaire.

Premier maxi 45 tours toujours en juillet.



Les petits papiers (Gainsbourg)
Il s'appelle reviens (Gainsbourg)

Les petits papiers

Nouveau chef d’oeuvre avec un texte fabuleux.

(Laissez glisser papier glacé
les sentiments, papier collant
ça impressionne, papier carbone
mais c’est du vent.

C’est pas brillant, papier d’argent
c’est pas donné, papier monnaie
ou l’on en meurt, papier à fleurs
on l’on s’en fout.)

Il s'appelle reviens

Ou les risques de l'échangisme…

(J’te prête Charlie mais il s’appelle reviens,
prends en bien soin comme si c’était le tien.

Pauvre Charlie, il n’en reste trois fois rien,
ça m’apprendra je te prêterais plus jamais rien)

SEPTEMBRE

Nouveau maxi 45 tours pour France Gall:



Nous ne sommes pas des anges (Gainsbourg)

Chanson typiquement 60’s avec comme thème les garçons aux cheveux longs et les filles en pantalon,
ou le début de la révolution sexuelle.

(Les garçons embrassent les filles,
les filles en pantalon,
quand à nous les filles,
nous aimons les garçons avec leur cheveux longs.)

NOVEMBRE

Nouveau disque pour Régine:



Si t'attends que les diamants t'sautent au cou (Gainsbourg)